Dans un autre post sur la confiance en soi, je vous parlais des mères (d’enfants différents) qui me disaient qu’elles se sentaient nulles, que tout ce qu’elles faisaient ne servait à rien, que ça ne changeait rien. Par rapport à cela, est-ce que, selon vous, c’est un problème de confiance ou d’estime de soi ?
Selon la définition de la confiance, ce serait une question de capacités, de ressources nécessaires à affronter une situation spécifique. Donc est-ce que les mères se disent qu’elles ne font pas les choses justes ou bonnes ? En partie, elles disent que ce qu’elles font n’a pas l’air d’apporter le résultat escompté.
Et pourtant elles ont des capacités, des savoir-faire incroyables. Elles ont appris à être mère d’enfant différent. Ce n’est pas rien.
Selon la définition de l’estime, ce serait une question de valeur. Est-ce que ce qu’elles font est en ligne avec leurs valeurs ? Violaine Guéritault (1) dans sa recherche sur le burn-out maternel, postule que les conditions sont réunies pour mener les mères (d’enfants neuro-typiques) à l’épuisement. Une des conditions est le manque de valorisation du travail des mères par la société (c’est votre entourage, mesdames, pas seulement les médias). En fait, elle a trouvé que les mères valorisent ce qu’elles font, d’ailleurs c’est pour ça qu’elles le font. Mais qu’elles ne reçoivent pas d’approbation sociale ou d’appréciation positive sur ce qu’elles font. (C’est le silence qui nous entoure.)
Donc est-ce que nous avons besoin de l’approbation ou de l’appréciation des autres pour ce que l’on fait ? La question se pose pour tout le monde, même les employés dans les entreprises. Je sais car j’ai travaillé plus de trente ans comme formatrice en entreprise. J’en ai donné des stages de formation pour apprendre aux cadres et employés comment donner des appréciations de travail.
Est-ce qu’on peut supposer qu’une personne puisse se sentir importante, c’est à dire, se sentir valorisée, sans avoir un retour sur ce qu’elle fait, sur l’impact ou le résultat de ce qu’elle fait ?
Est-ce qu’une personne peut continuer à faire des choses (le travail des mères au foyer est d’environs cinquante heures hebdomadaires non-payées) (2) sans un retour positif ? Est-ce que c’est plus facile si elle a une capacité innée ou un trait de caractère (de l’ordre psychologique) qui la permette à s’auto-valoriser ?
Selon la programmation neurolinguistique (PNL), il y a une notion de « méta programmes » qui décrit nos filtres, c’est à dire, nos tendances ou préférences pour filtrer les informations qui nous viennent de l’extérieur. Un de ces méta programmes concerne « le cadre de référence. » Il peut être externe ou interne. Si une personne a un cadre de référence externe, elle a tendance à se référer aux messages d’approbation ou d’évaluation venant de l’extérieur, c’est à dire les autres personnes qui l’entourent. Si son cadre de référence est interne, elle se réfère à son propre évaluation ou approbation. Le méta programme est contextuel. Une personne pourrait donc avoir un cadre de référence externe lorsqu’elle est dans un contexte et un cadre de référence interne dans un autre. Il y a des difficultés de communication liées aux deux cadres. Si le cadre de référence est externe, on se soucie trop de l’avis des autres et on essaie toujours de faire plaisir aux autres. Si le cadre de référence est interne, on est perçu comme quelqu’un centré sur elle-même et qui se fiche de ce que pensent les autres.
J’ai un cadre de référence externe, en général. Personnellement, je m’appelle un être social et je considère normal que je me préoccupe de ce que les autres disent sur mon travail. Ce n’était pas toujours facile en tant que formatrice en entreprise. J’ai du essuyer des critiques sur mes formations. Je me souviens de moments très pénibles dans mon parcours. Heureusement je faisais souvent des stages considérés excellents et j’ai commencé à me rendre compte ce qui marchait, ce qui ne marchait pas, ce qui plaisait aux participants, ce qui ne plaisait pas. Et donc avec le temps que j’ai pu construire un cadre de référence interne par l’apprentissage. Mais il y a peu de métiers où les employés ont autant de retours réguliers et par écrit.
Comment est-ce que nous, les mères, qui sommes constamment sous le regard évaluatif et normatif des autres, peuvent construire de l’estime de soi, une opinion favorable à notre égard ? Si notre travail est souvent invisible, c’est qu’il ne peut pas être reconnu. S’il n’est pas reconnu, est-ce qu’on peut se sentir valorisé ?
Ce que vous pourriez faire pour construire votre estime de soi, une opinion favorable à votre égard :
- Écrire régulièrement une liste de choses que vous avez mené à bien, de situations que vous su affronter avec des gens difficiles. Faites une liste de toutes vos capacités (savoir s’affirmer, savoir demander de l’aide, savoir expliquer cinq fois, …) et tous les caractéristiques que vous avez (patience, humour, délicatesse, gentillesse, …).
- Réfléchir à tous les moments où vous pourriez vous dire, « oui, c’est pour ça que je fais tout ça. » Savourez ces moments. C’est un peu comme les trois kifs par jour : trois moments par jour où j’étais fière, contente, heureuse d’être mère. Faites une liste des choses qui vous importent à ce moment-là. (p.ex. j’étais contente parce que mon enfant s’est préparé pour aller au lit sans que j’intervienne. Il devient autonome.)
- Écrire une liste de ce qui est important pour vous en termes de valeurs et écrivez des histoires de situations que vous avez mené à bien. P.ex. une de mes valeurs est la solidarité entre mères et je peux vous raconter des situations où cette valeur a été présente – ça me réchauffe mon cœur lorsque j’en ai besoin.
- Venir aux ateliers « Apprivoisez la planète des mères d’enfants différents » et être accompagner dans la démarche.
- Me contacter pour une séance individuelle.
Vous le valez bien! A bientôt, Dr. Kate
(1) Violaine Guéritault, 2008, La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel, éditions Odile Jacob
(2) Chiffres pour 2013 de l’Office fédérale des statistiques https://www.bfs.admin.ch/