Oh vous êtes psychologue!


Dernièrement je parlais avec une mère d’enfant différent. Son enfant a été diagnostiqué ayant un trouble sur le spectre autistique (TSA). Cette mère me racontait que son enfant, adolescent, avait pris du poids et que certains membres de la famille la (la mère) critiquaient pour avoir laissé son enfant manger n’importe quoi. Elle avait du mal à faire face à cette critique car son enfant adolescent aimait bien le chocolat. Alors elle se demandait comment elle devait faire, alors que soudainement elle me regardait et a dit, « mais vous ! vous êtes psychologue ! »

Ce n’était pas une question. Elle ne me demandait pas mon avis. Jusqu’à là nous étions deux mères, préoccupées par les enfants « différents », les nôtres et ceux des autres, et soudainement, elle me classait dans la catégorie des psychologues. Dès lors, elle changeait de sujet et nous sommes revenues sur l’organisation d’un événement pour les parents d’enfants « différents ».

Alors, si elle avait posé la question, « vous êtes psychologue ? » voici ce que j’aurai pu répondre.

J’ai commencé des études en psychologie en 1998, j’avais 41 ans. Je cherchais des réponses aux troubles de comportement et d’apprentissage de mon enfant. Les médecins, les psychologues scolaires, les psychiatres et les enseignants m’ont souvent dit que mon enfant avait des troubles car j’étais une mère travailleuse (ce qui voulait dire, une mère qui ne s’occupe pas « correctement » de ses enfants).

Donc j’ai fait un bachelor en psychologie. J’ai appris en étudiant la psychologie, c’est d’être humble face aux savoirs sur l’être humain. J’ai constaté qu’il y avait des psychologues, comme Piaget, qui avançaient des théories que d’autres psychologues, comme Donaldson, disputaient.

Durant cette période, mon enfant a été diagnostiqué avec un syndrome génétique, rare en Suisse.

Pendant mon master en psychologie, je m’intéressais beaucoup plus à la psychologie sociale et, plus précisément, le rôle du langage et l’acquisition des savoirs en collectivité.

Durant cette période, mon enfant a passé du temps en institution psychiatrique car il avait du mal à assumer sa différence. J’ai décidé à ce moment que je ne deviendrais pas psychologue clinicien.

En 2009, j’ai commencé un programme de doctorat en sciences sociales. J’ai décidé d’écrire une dissertation auto-ethnographique sur mon expérience de mère d’enfant différent et j’ai interviewé des mères d’enfant différent. Je l’ai terminé en 2013.

Alors, oui, je suis psychologue. Je comprends les théories, je comprends les enjeux de la profession.

Je suis spécialisée dans l’expérience maternelle des mères qui ont des enfants différents.

Je suis devenue critique du regard de la société sur les mères, toutes les mères, et je dispute certaines théories qui ont comme effet de culpabiliser, voir rendre honteux, les mères. Le regard de la société, le langage de la société à l’égard des mères est souvent issu des théories de psychologues.

Je suis mère d’un enfant différent.

Voici mon fils en avril 2016 en Crète.

 

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